Le tribunal de commerce a placé l'agenceur de luxe en redressement judiciaire mercredi, pour au moins six mois.
Pas de plan social prévu mais du chômage partiel. Et un « bon espoir de relance », estiment les salariés.
« On avait déjà connu quelques difficultés, il y a quelques années de cela. Mais jamais à ce point. » Roland Dallée, plaquiste aux Ateliers du Marais est aussi un des représentants des salariés qui ont accompagné le PDG Claude Orphelin, mercredi au tribunal de commerce.
Pas de gaieté de coeur puisqu'il s'agissait d'entendre confirmation de la mauvaise nouvelle : la situation financière de l'agenceur de luxe n'était plus tenable. Un passif de plusieurs centaines de milliers d'euros avait entraîné des démarches de fournisseurs non payés. « Nous avons tenté de mettre en place une procédure de conciliation en juillet dernier », précise l'emblématique patron de ce sous-traitant historique de la navale. « Sans succès », faute de confiance suffisante de ces partenaires qui veulent être payés vite.
Travail à perte
Les difficultés des Ateliers du Marais remontent au début de l'année. « Ce n'est pas STX qui nous plombe, car avec eux, nous avons beaucoup travaillé sur les derniers navires ». C'est notamment le cas de l'Europa 2 primé récemment du titre « de paquebot le plus luxueux du monde », grâce à la qualité de finition de certains espaces dont Les Ateliers du Marais ne sont pas étrangers. Ce n'est pas non plus Hermès, là encore partenaire très ancien de l'agenceur nazairien, qui a fait faux bond.
Le problème vient du troisième type de marchés sur lequel ADM s'est positionné pour compenser la disparition d'un autre créneau, le yacht de luxe : les locaux privés ou publics terrestres. Des hôtels de luxe, mais surtout des hôtels particuliers essentiellement parisiens, rénovés à grands frais par de richissimes clients, dont les émirs du Moyen-Orient.
« Ces marchés sont obtenus par de puissants groupes, sont menés par des architectes renommés à côté desquels on n'existe pas. » Avenants non payés, travaux non reconnus se sont multipliés jusqu'à entraîner l'agenceur dans le travail en pure perte. Associé au paiement en retard, ces chantiers « catastrophe » ont mis Ateliers du Marais dans le rouge vif. Seule consolation du patron, « nous n'avons pas de dettes fiscales et sociales et les salaires ont toujours été versés. »
Et maintenant, se demandent depuis quelques semaines les 77 salariés qui ont vu arriver les premières périodes de chômage partiel ? « On pensait tenir un peu plus longtemps, se confie Julie Huet, de son poste administratif. Il y a une part d'inquiétude, peut-être un peu moins dans les bureaux qu'à l'atelier. » Les ouvriers qualifiés ont forcément dans la tête le cas des Chantiers Baudet ou encore de BS Vision, deux autres agenceurs engloutis sous les dettes jusqu'à la liquidation.
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