Longtemps moins violente qu'ailleurs, la crise s'accenture en Trégor-Goëlo, dans les Côtes-d'Armor.
Davantage de liquidations, plus d'emplois perdus... Bien qu'en baisse, le nombre de créations et reprises de sociétés reste elevé.
Entre janvier et la fin août de cette année, 67 établissements du Trégor-Goëlo ont été placés en liquidation judiciaire. En 2012, année record avec 79 liquidations, ce chiffre est monté 40 sur les huit premiers mois de l'année... Jusqu'en 2008, le Trégor-Goëlo comptait moins de 60 liquidations par an.
« En 2009-2010, quand nous comparions nos chiffres et ceux des métropoles comme Rennes ou Nantes, nous notions que la crise était moins violente ici », se souvient Gilles Blanschong, président de la CCI (Chambre de commerce et d'industrie) du Trégor-Goëlo. Les derniers bilans établis par la CCI font apparaître une « deuxième vague » de la crise.
L'explication de ce décalage dans le temps tient en partie à la nature du tissu économique local, fait de nombreuses petites sociétés : « Leurs chefs d'entreprise tiennent plus longtemps, prélèvent moins dans leur société. » En 2012, beaucoup ont serré tous les postes. Mais ils se sont retrouvés parfois dans l'impasse, en décembre, au moment du bilan comptable annuel. Le mois suivant, le tribunal de commerce a prononcé 19 liquidations, un record. Parfois sans passer par une procédure de redressement judiciaire (l'entreprise est placée en cessation de paiement et son activité se poursuit).
143 emplois perdus
67 liquidations en huit mois, c'est important, cela demande aussi à être mis en perspective avec le nombre total d'entreprises : fin 2012, le Trégor-Goëlo comptait 4 341 établissements.
En terme d'emplois, ces 67 liquidations correspondent à 143 emplois salariés (un commerçant, par exemple, n'est pas comptabilisé). On est passé d'une moyenne de 1,37 emplois salariés par liquidation de janvier à août 2012, à une moyenne de 2,13, sur la même période en 2013. Les fermetures concernent donc des entreprises de taille plus importante. Une tendance qui se confirme avec les sociétés placées en redressement judiciaire. Les douze établissements du Trégor-Goëlo suivant cette procédure actuellement emploient... 44 personnes.
Tous les secteurs sont touchés, comme le montre l'infographie ci-dessus. Le commerce, autant que le BTP (bâtiment et travaux publics), les cafés-hôtels-restaurants, ou les services aux entreprises. Mais tous les chefs d'entreprises n'ont pas le moral en berne. Selon une étude menée par la CCI dans le département, 20 % estiment que leur volume de commandes devrait augmenter.
Le boom des auto-entrepreneurs (non comptabilisés par la CCI) n'expliquerait pas les difficultés économiques des sociétés. La mise en place de nouvelles normes dans l'hôtellerie a eu des conséquences : les dépenses demandées étant parfois insurmontables, ou dissuasives à l'approche d'un départ à la retraite.
Selon, l'étude de la CCI, la principale difficulté observée est liée à des problèmes de marché. En clair, la demande diminue. C'est notamment le cas dans le bâtiment, soutenu il est vrai, par une forte demande sur la côte pendant des années.
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