C’était en fin de semaine dernière.
Les clients passaient les uns après les autres la porte du magasin de Xavier Fouquart. « Xavier, est-ce que tu pourras t’occuper de mon scooter, il fait un drôle de bruit ? » Et invariablement cette même réponse : « Je suis désolé mais je ne peux pas. On va fermer. » Suivaient quelques rapides explications sur l’arrêt définitif des activités et des orientations géographiques pour mener les clients vers le confrère.
Depuis, le couperet est tombé : c’est la fin. La grille est baissée et ne se relèvera plus. « C’est terminé, je suis en liquidation judiciaire », souffle notre homme.
Dure réalité
Avant que les discours laissent la place à la dure réalité, Xavier Fouquart, touché, tentait de positiver, de prendre la situation avec philosophie. Même si ce magasin représentait une grande partie de sa vie. « Je suis arrivé en tant que mécano apprenti en 1997 et je suis resté ouvrier pendant dix ans avant de reprendre le magasin en 2008. Mais on a un manque de clientèle depuis la crise en 2009. »
Une crise qui n’explique pas tout mais qui a été un très net facteur aggravant. « Pendant 33 ans ça a tourné mais avec les grandes surfaces, les petits commerces ont des grandes difficultés. Et avec la situation financière, le marché du scooter s’est effondré. Les gens n’ont plus d’argent et je ne peux pas refaire ma trésorerie. Je n’ai pas mal fait, je n’ai pas eu de chance. »
Quelques jours plus tard, le moral est beaucoup plus touché. Perdu dans les méandres de la machine judiciaire, Xavier Fouquart s’apprête à vivre des mois difficiles. « Ce sont des démarches compliquées, qui me dépassent totalement avec un langage qui m’est totalement étranger. J’aurais voulu tout savoir tout de suite, on m’a dit que ça pourrait prendre six mois. C’est impressionnant et assez choquant, je suis ressorti totalement dépité. » Il faut dire qu’il n’a pas été ménagé : « On aurait dit que j’étais Bernard Tapie, que j’avais roulé tout le monde… »
S’il vendait aussi des vélos, « presque pour faire beau », sourit-il, la majorité de son activité concernait les scooters. Un secteur où les acheteurs potentiels ont été plus directement touchés par la crise que ceux qui s’intéressent aux voitures de luxe. Même s’il a essayé de se battre comme un fou ces deux dernières années ( « on a toujours espoir que ça reparte »), il sait depuis la fin du printemps qu’il n’y a plus grand-chose à faire.
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